Le tableau de Baalbeck a été peint en 1895 ou 1896 et signé en arabe « Ibrahim Serbaï et daté 1312 (de l’hégire) » en caractère arabe et « Balbek A.S. » en caractère latin (huile sur une toile de 150 × 90 cm.), représentant, au milieu du tableau, le temple de Bacchus et les six colonnes de Jupiter avec une ponctualité et une exactitude saisissantes et méticuleuses dans les pierres, les colonnes, les chapiteaux, les ombres et les motifs. Une certaine couleur locale et harmonieuse baignée dans une lumière douce et feutrée affirme la suavité de cette œuvre.
La minutie dans le détail ne s’est pas arrêtée aux temples, mais les a franchi jusqu’à l’enceinte extérieure et la jeune peuplerai bien disposée devant, et en premier plan a une ancienne habitation libanaise au toit en terre-glaise, devant laquelle et sur un chemin parsemé de grosses pierres, un « guide » en tenue locale, est en explication avec un “touriste” en blanc colonial, tous deux scrutés d’une certaine distance par un autre autochtone. Ces hommes sont là, pour nous rappeler les dimensions et les volumes exorbitants ces imposants monuments. On distingue au fond sous un ciel serein et limpide, la montagne du Liban.
Bien qu’il a été surtout influencé par les orientalistes, qui ont beaucoup peints Baalbeck, Serbaï les dépasse dans le réalisme, la netteté, la sensibilité et surtout la sincérité dans sa perception. On devine expressément qu’il est le fils sagace d’une école orientale plutôt qu’orientaliste.
Le message du peintre est évident, Baalbeck est impérieuse, grandiose et majestueuse. Baalbeck est éternelle.
Le nombre de quatre copies commandées et peintes par Serbaï du tableau de la “Réception de Guillaume II au Port de Beyrouth” explique la grande importance et la grande beauté de cette œuvre cérémoniale et festive. (Huiles sur toiles d’environ 133 x 73 cm).
Quelques différences minimes dans la représentation, les dimensions et le coté des signatures, entre les copies, ne méritent pas d’être cités, vu qu’ils ne changent absolument rien aux charmes des toiles.
Le détail raffiné et soigné, figure partout, de l’extrême gauche, dans les immeubles des quartiers de Bab Edriss, Zeitouni et Ain el Mreisseh, à la foule beyrouthine, aux élégantes toilettes et costumes d’apparats, se promenant sur les quais au milieu des voitures tirées par les chevaux en attente de les embarquer, aux cyclistes, aux drapeaux turcs et prussiens décorant les quais, les immeubles et les bâtiments officiels. La minutie pointilleuse est aussi dans le yacht impérial accosté en compagnie des navires d’escorte devant la jetée du port (actuel 1er bassin), dans les reflets de l’eau et les montagnes sous un ciel des plus bleu.
Comme les autres tableaux de Serbaï, la lumière est hiérarchisée et sereine, et c’est un carnaval de couleurs réelles et harmonieuses. Un tableau saisissant et pompeux qui fait rêver dans une ambiance concrète. L’événement est intensément important, c’est la réception du « Kaiser » à Beyrouth.
C’est un tableau plein de vigueur et d’émotions, il nous raconte une certaine joie de vivre dans Beyrouth de la fin du 19ème siècle.
Farroukh a très raison, on dirait Canaletto.
Ce tableau représentant le front de mer de Ras Beyrouth, est une œuvre très détaillé de Serbaï. Bien qu’il ne soit pas signé, mais ne présente aucun doute quant à l’authenticité de son auteur.
C’est une œuvre magistrale. (Huile sur toile de 200 × 70 cm), décrivant Ras Beyrouth vue d’un rocher maritime, de la fin du 19ème siècle. Les maisons, les hôtels, les cafés, les écoles, tous y sont, dans la conformité parcimonieuse de leurs arcades, leurs balcons, leurs ogives, leurs fenêtres, leurs portes et leurs briques. La toile fut inspirée d’une photographie de “Bonfils” mais sa perception reflète une sensibilité et une maîtrise remarquables du grand peintre.
Serbaï dessine ici son âme, son ciel, sa mer, sa ville natale, les maisons qu’il a côtoyé, devant lesquelles il est passé des milliers de fois, les plages ou il s’est assis des heures, a contempler la grande bleue, qui l’a fait tant rêver. Il connaissait parfaitement les moindres recoins de sa ville et bien plus que toute les photographies.
Expressive, Beyrouth est imposante, belle, unique, fidèle a elle-même. Ses couleurs sont celles de tous les jours, pas criardes, son ciel est limpide et sa mer calme et accueillante. Beyrouth est envoûtante et subtile, mais surtout elle est orientale.
Une œuvre sublime.